Le prunier d’Afrique, scientifiquement connu sous le nom de Pygeum africanum, est un arbre imposant et vénérable originaire de l’ Afrique subsaharienne (Kenya, Cameroun, Madagascar, etc.). Participant depuis des siècles à la médecine traditionnelle de cette région, il est aujourd’hui célébré dans le monde entier pour ses bienfaits en phytothérapie.
L’écorce de cet arbre africain est utilisée pour soulager divers problèmes de santé, et son histoire est aussi riche que ses applications thérapeutiques.
Dans cet article, nous explorerons l’origine et les utilisations de cette plante en détails, les bienfaits prouvés par la science moderne, ainsi que les effets indésirables potentiels pour une utilisation éclairée et sécuritaire.
- Nom de la plante : Prunier d’Afrique
- Nom latin : Prunus africana, pygeum africanum
- Famille botanique : Rosacées (Rosaceae)
- Autres noms : Pygeum, amande amère, arbre de la prostate
Composition du prunier d’Afrique (Prunus africana)
La composition chimique de l’écorce du prunier est complexe et comprend une série de composés bioactifs. Voici les principaux constituants :
- Fraction lipidique : Acides gras de chaîne longue (C12-C24)
- Phytostérols : β-sitostérol (bêta sistérol), β-sitostérol-3-O-glucoside, campestérol
- Acides triterpéniques pentacycliques : β-amyrine, acide ursolique, acide oléanolique, acide crateogolique, acide épimaslinique
- Alcanols linéaires : n-tétracosanol, n-docosanol
Les triterpènes, les phytostérols ainsi que le n-docosanol sont considérés comme les principaux principes actifs responsables des bienfaits médicinaux du prunier d’Afrique.
Pygeum africanum contient également des tanins et des antioxydants, ainsi que des composés phénoliques et flavonoïdes qui contribuent à son effet anti-inflammatoire et antioxydant.
Bienfaits du prunier d’Afrique (Pygeum africanum)
Propriétés anti-inflammatoires et anti-oedémateuses
Cette plante est réputée pour ses propriétés anti-inflammatoires, principalement grâce à l’inhibition de la lipoxygénase des polynucléaires qui infiltrent le tissu prostatique. Cette action contribue significativement à la décongestion de la prostate et offre un soulagement notoire dans les cas d’hyperplasie bénigne de la prostate (HBP).
De plus, les composés actifs présents dans l’écorce tels que les phytostérols, les pentacycliques et les terpènes, jouent un rôle clé dans la réduction de l’œdème prostatique et dans l’amélioration des symptômes urinaires associés.
Ces substances aident à moduler les réponses inflammatoires et œdémateuses, apportant ainsi un confort urinaire accru aux patients souffrant de troubles de la prostate.
Propriétés antiprolifératives et anti-apoptotiques prostatiques
Les recherches suggèrent que les extraits de cet arbre possèdent des propriétés antiprolifératives, remarquables par leur capacité à inhiber la prolifération basale des fibroblastes prostatiques ainsi que la croissance des myofibroblastes cultivés in vitro.
En ce qui concerne la pathologie cancéreuse, les extraits éthanoliques de Prunus africana, ou pygeum africanum, ont montré un effet antimitogène significatif sur les cellules cancéreuses de la prostate.
Ce potentiel antitumoral s’explique également par la présence d’activités antiandrogènes et antiangiogéniques qui pourraient contribuer à tuer les cellules tumorales par des mécanismes apoptotiques tout en prévenant la prolifération de nouvelles cellules malignes prostatiques.
Ces découvertes mettent en lumière le rôle potentiel de cette plante dans le soutien thérapeutique des maladies prostatiques, allant de l’hyperplasie bénigne aux pathologies cancéreuses.
Action sur l’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP)
Le prunier d’Afrique fait partie d’une liste de plantes médicinales, dont le palmier de Floride, la racine d’ortie, l’épilobe, et la graine de courge, souvent citées pour leur efficacité dans la prise en charge des problèmes urinaires liés à l’adénome de la prostate.
Ces plantes ont en commun des propriétés thérapeutiques qui ciblent l’hypertrophie de la prostate, permettant ainsi de soulager les symptômes tels que la difficulté à uriner, la miction fréquente, et le sentiment de vidange incomplète de la vessie, qui sont caractéristiques de cette affection.
Études cliniques et efficacité à long terme
De nombreux essais cliniques ont été menés pour mesurer l’impact clinique du traitement par le prunier d’Afrique sur les signes fonctionnels de l’hypertrophie bénigne de la prostate, tels que la dysurie (diminution du débit urinaire), la polyurie (augmentation de la fréquence des mictions), la nycturie (besoin d’uriner la nuit) et les mictions impérieuses.
Ces études ont démontré une action favorable des extraits d’écorce de prunier d’Afrique, révélant une amélioration significative des symptômes urinaires.
De plus, l’efficacité de ces extraits semble perdurer plus d’un mois après l’arrêt du traitement, suggérant des bienfaits sur le long terme pour les patients souffrant de troubles liés à l’ hypertrophie bénigne de la prostate.
Pathologies traitées par le prunier d’Afrique
En rapport avec ses propriétés prostatiques :
- prévention de l’aggravation de l’hypertrophie bénigne de la prostate (stade débutant) ;
- affections du système urinaire : inconfort urinaire, dysurie, pollakiurie nocturne, en lien avec un adénome léger à modéré.
Utilisations du prunier d’Afrique
- Décoction (tisane)
Pour préparer une décoction de prunier d’Afrique, vous aurez besoin d’une cuillère à café d’écorce, soit sous forme de poudre soit en morceaux, pour chaque tasse d’eau. Mettez le mélange à bouillir pendant 10 minutes. Ensuite, retirez la préparation du feu et laissez-la infuser pendant encore 10 minutes.
Filtrez la décoction avant de la consommer afin d’éliminer les résidus d’écorce. Il est recommandé de boire 2 à 3 tasses de cette tisane chaque jour pour tirer profit des vertus thérapeutiques de l’écorce du prunier d’Afrique.
- Teinture mère
La teinture mère du prunier d’Afrique est également utilisée comme forme de traitement, avec une posologie suggérée de 25 à 30 gouttes à prendre 2 fois par jour dans un verre d’eau. Suivez cette cure pendant plusieurs semaines afin d’observer une amélioration des symptômes prostatiques.
- Complément alimentaire
Si vous préférez les compléments alimentaires, le prunier d’Afrique est disponible sous forme d’extrait ou de poudre, conditionnés en gélules ou en comprimés. La dose habituelle est de 200 à 400 mg par prise, à consommer 1 gélule ou comprimé 2 fois par jour.
Alternativement, vous pouvez prendre une cuillère à café rase de poudre (environ 1g) chaque jour, mélangée dans un verre de jus de fruit ou de lait végétal. Ce régime est à suivre pendant 2 mois et peut être renouvelé conformément aux recommandations du fabricant.
Quelles plantes médicinales peuvent être associées au Pygeum africanum ?
Pour une approche holistique dans le traitement des problèmes prostatiques, l’utilisation du Pygeum africanum avec d’autres plantes médicinales peut être bénéfique. Le laurier cerise, par exemple, traditionnellement utilisé pour ses vertus diurétiques, peut compléter l’action du prunier d’Afrique.
De même, le palmier nain et le palmier de Floride sont réputés pour leur effet positif sur la santé de la prostate.
La graine de courge, souvent exploitée pour sa richesse en zinc, contribue au bon fonctionnement de la prostate, tandis que l’épilobe, avec ses propriétés anti-inflammatoires, et l’ortie racine, connue pour soulager les symptômes urinaires liés à l’hypertrophie, sont des adjoints de choix dans cette synergie thérapeutique.
Une utilisation en synergie des extraits de ces plantes peut renforcer les bénéfices et réduire le risque d’effets secondaires.
Contre-indications du prunier d’Afrique
- Hypersensibilité connue aux substances actives du prunier d’Afrique.
- Les indications thérapeutiques du prunier d’Afrique sont spécifiques aux hommes; elles ne concernent pas les femmes, en particulier en raison du ciblage des troubles prostatiques.
- L’Agence européenne du médicament (EMA) déconseille l’utilisation des préparations à base de prunier d’Afrique chez les enfants de moins de 18 ans. Les troubles du système urinaire chez les enfants nécessitent une surveillance et une évaluation médicales approfondies avant d’envisager ce type de traitement.
En cas de doute concernant votre condition de santé, demandez conseil à votre médecin traitant avant de vous auto-médiquer. Ce conseil est d’autant plus valable pour les personnes sensibles, fragiles et âgées, les personnes atteintes de maladies chroniques ou prenant des médicaments.
Prunier d’Afrique : effets secondaires
Bien que les extraits de prunier d’Afrique soient généralement bien tolérés, certains patients peuvent exceptionnellement expérimenter des troubles gastro-intestinaux bénins. Ces effets indésirables incluent, mais ne sont pas limités à, des nausées, des douleurs abdominales légères, ou des troubles du transit tels que la constipation ou la diarrhée.
En cas d’effets secondaires persistants, consultez professionnel de santé tel que votre médecin traitant ou pharmacien de confiance.
Le saviez-vous ?
- Histoire
Depuis des siècles, les Africains utilisent l’écorce du prunier pour soigner les troubles de la vessie, notamment la maladie du vieil homme, à savoir l’adénome de la prostate.
L’introduction du prunier d’Afrique sur le continent européen remonte au XVIIIe siècle où il fut d’abord reconnu pour ses qualités ornementales avant que ses vertus médicinales ne soient prises en compte. Toutefois, ce n’est que vers la moitié du XXe siècle que les propriétés thérapeutiques de la plante commencèrent à être exploitées et valorisées en médecine.
Des chercheurs français, bénéficiant de la relation privilégiée entre la France et ses anciennes colonies africaines, furent pionniers dans le développement d’un extrait liposoluble standardisé de l’écorce du prunier d’Afrique. Cet extrait, titré à 14 % de triterpènes, allait ensuite être commercialisé dans toute l’Europe.
- Origine
Bien que nommé Prunier d’Afrique dans la francophonie européenne, cet arbre est plus largement connu comme Pygeum à l’international. Des plantes africaines à renommée similaire, comme l’Harpagophytum, partagent une histoire d’usage médicinal à travers le monde. Malheureusement, le succès du prunier d’Afrique dans le domaine thérapeutique a mené à une surexploitation, posant maintenant une menace sérieuse à la survie de l’espèce.
Les milieux naturels de l’arbre comprennent les forêts de montagne dans des régions variées du continent africain, telles que l’ Afrique du Sud, l’Angola, le Cameroun, l’Éthiopie, le Kenya, le Malawi, le Nigeria, l’Ouganda, la République démocratique du Congo, la Somalie, le Soudan, la Tanzanie, le Zimbabwe, ainsi que plusieurs îles adjacentes comme Madagascar ou la Grande Comore. Cette distribution étendue rend la protection de l’espèce vitale pour la biodiversité et l’équilibre écologique de ces écosystèmes.
Quelle est la description botanique du prunier d’Afrique ?
Le Prunus africana est une espèce emblématique des forêts de montagne humides du centre de l’Afrique. Il est particulièrement abondant au Cameroun, où il peut se développer dans des conditions optimales.
Il s’agit d’un arbre majestueux qui peut s’élever à 30 mètres de hauteur et dont le tronc peut atteindre 1 mètre de diamètre. Sa robustesse est mise en exergue par son écorce caractéristique, brun foncé à rouge vif lorsque l’arbre est directement exposé au soleil. Cette écorce est unique non seulement par sa couleur mais aussi par sa légère odeur d’acide cyanhydrique qu’elle dégage.
Les feuilles sont persistantes, épaisses et coriaces avec une forme elliptique, ce qui lui permet de conserver de l’eau et de résister aux conditions climatiques rudes. En floraison, l’arbre présente des petites fleurs blanches délicates, chacune arborant cinq pétales.
Lorsque vient la saison de fructification, les akènes, fruits ronds et coriaces du prunier d’Afrique, mûrissent pour adopter une belle couleur rouge qui attire de nombreux animaux et insectes pollinisateurs, jouant ainsi un rôle essentiel dans l’écosystème de la forêt.
Où trouver du prunier d’Afrique ?
Si vous souhaitez vous soigner naturellement par les plantes, vous pouvez vous procurer le Pygeum Africanum en herboristerie.
À l’herboristerie du Valmont, nous proposons l’écorce de prunier d’Afrique en plante séchée (poudre d’écorce ou écorce en morceaux) pour la préparation de tisanes, de baumes ou onguents thérapeutiques ou autres préparations médicinales.
Culture du prunier d’Afrique
En raison de ses besoins écologiques spécifiques, il est pratiquement impossible de cultiver le prunier d’Afrique en France pour des usages thérapeutiques ou personnels. Cette plante endémique des zones montagneuses de l’Afrique centrale préfère les hauteurs où l’air est plus frais et l’altitude, qui varie entre 1000 m et 2500 m, est un facteur essentiel pour son développement.
Le Pygeum exige un sol et un climat que l’on ne trouve que dans ces régions d’altitude et qui ne peuvent être reproduits dans un environnement domestique. Ajouté à cela, les préoccupations concernant la surexploitation intensifient la nécessité de contrôler la récolte de cet arbre précieux, qui a une place importante dans la culture et l’écosystème africains.
Il ne s’agit pas seulement d’une source de remède pour la santé, mais également d’un matériau de choix pour la fabrication d’outils et la production d’un bois de chauffe de qualité qui émet peu de fumée.
Foire aux questions
Quelles sont les vertus des feuilles de prunier ?
En phytothérapie, l’utilisation traditionnelle du Pygeum africanum se concentre principalement sur l’écorce de l’arbre, que l’on utilise pour ses multiples vertus liées à la santé urinaire, notamment la gestion des symptômes de l’hyperplasie bénigne de la prostate. Concernant les feuilles du prunier d’Afrique, les informations sont moins abondantes et leur usage reste secondaire par rapport à l’écorce.
Néanmoins, selon certaines cultures africaines traditionnelles, les feuilles de Pygeum auraient des indications dans le traitement des douleurs gastriques et pourraient être utilisées pour leurs propriétés anti-inflammatoires.
Bien qu’il n’existe pas de consensus scientifique clair quant à leur utilisation en phytothérapie moderne, il est courant que des recherches plus approfondies révèlent de nouvelles applications thérapeutiques pour les feuilles comme c’est déjà le cas de l’écorce.
En cas de doute, demandez conseil à professionnel de santé tel que votre médecin ou pharmacien.
Quelles sont les différentes espèces de prunier d'Afrique ?
Le genre Prunus de la famille des Rosaceae comprend de nombreuses espèces réparties à travers le monde. Le terme « espèces de prunier d’Afrique » peut dès lors prêter à confusion car il sous-entend qu’il existe plusieurs espèces de pruniers indigènes de ce continent.
En réalité, lorsqu’il est question du prunier d’Afrique dans le contexte de la phytothérapie, on se réfère spécifiquement à Prunus africana. Cette espèce, longtemps classée comme la seule représentante du genre Prunus originaire d’Afrique, est la plus connue pour ses applications médicinales.
Cependant, plusieurs espèces apparentées du même genre intégrant le fruitier bien-connu chez nous ont été identifiées et peuvent entraîner une certaine confusion. La famille des Rosacées (Rosaceae) à laquelle appartient ce genre est large et diverse, et la phytothérapie reconnait le potentiel de différentes espèces au sein de cette famille pour leurs propriétés thérapeutiques.
Où trouver le pygeum africanum ?
En raison des conditions climatiques et des restrictions écologiques en France, il est difficile, voire impossible, de cultiver soi-même le prunier d’ Afrique. C’est pourquoi il est recommandé de faire confiance à une herboristerie de renom comme l’Herboristerie du Valmont.
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Bibliographie
Karine Jacquemard, naturopathe-herbaliste, Le guide de la phytothérapie au quotidien, Rusticas Editions,2019 | Dr Claudine Luu, 1000 remèdes à faire soi-même, Le guide Terre vivante, octobre 2021 | Dr Eric Lorrain, Grand manuel de phytothérapie, Les nouveaux chemins de la santé, Dunod, 2019 | Yves Vanopdenbosch, Herba Médicinalis, 210 monographies de plantes médicinales, Amyris, 2022 | Dubray Michel, Guide des contre-indications des principales plantes médicinales, Lucien Souny, 2018 | Morel Jean-Michel, Traité pratique de phytothérapie. Remèdes d'hier pour médecine de demain, Grancher, 2008 | Mulot Marie-Antoinette, Secrets d'une herboriste, Dauphin, 2009 | Loïc Ternissen, Le guide Ultime de l'Herboristerie, Albin Michel, 2022 | Mulot Marie Antoinette, Les 250 réponses de l'herboriste, Dauphin, 2009 (1993) | Anne McIntyre, Le guide complet de la Phytothérapie, Le courrier du Livre, 2011 | Carole Minker, 200 plantes qui guérissent, Larousse, 2015 | Thierry Folliard, herboriste et naturopathe, Le petit Larousse des plantes qui guérissent, 500 plantes et leurs remèdes, 2016 | Maria Treben, Les simples du jardi de Dieu, Pratique des plantes médicinales pour bien-être et santé, Ennsthaler, 2007 | Christophe Bernard, Grand manuel pour fabriquer ses remèdes naturels, Jouvence Editions, 2018 | www.altheaprovence.com | www.wikiphyto.org | www.doctissimo.fr | www.vidal.fr
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